Écoresponsabilité : Voyager c’est bien, voyager responsable c’est mieux ! (1/2)

Partager sur:

Se reposer, prendre des vacances c’est génial et c’est avant tout nécessaire à notre équilibre; certains d’entre nous les passent à la maison par choix ou faute de moyens, mais beaucoup cherchent à s’évader de leur quotidien en voyageant; quelques jours, plusieurs semaines, à proximité ou à l’autre bout du Monde, les choix sont aujourd’hui infinis tout d’ailleurs comme l’impact de ces activités. En effet, Internet et les réseaux sociaux sont capables de transformer en quelques mois ou années, une ville ou une région paisible et préservée en un gigantesque « barnum touristique » où les excès du tourisme de masse ont des effets dévastateurs sur la nature, les écosystèmes et les populations locales.

En tant qu’individus, grands voyageurs et entrepreneurs nous avons toujours combattu les excès du surtourisme n’hésitant pas à prendre position (et parfois des « coups ») publiquement contre certains acteurs avides de records de fréquentation et de profits immédiats.

Ne vous méprenez pas, nous ne sommes évidemment pas contre le tourisme, en tant qu’hôteliers ce serait malvenu; mais nous sommes pour un tourisme responsable et durable, élégant, intelligent, respectueux mais aussi profitable aux équilibres humains, naturels et économiques.

Nous sommes même convaincus que les individus doivent continuer à voyager, s’ouvrir aux autres et découvrir le monde, tant il est clair pour nous, que les effets de cette pratique sont globalement positifs; mais pour que cela reste possible, nous n’avons pas d’autre choix que de réfléchir et agir pour minimiser autant que possible l’empreinte écologique et sociale de cette activité.

C’est dans ce contexte que nous avons demandé à Luc Baillargeon-Nadeau, géologue expert chez LCL – Génie, Environnement & Développement Durable* d’écrire avec nous une série d’articles en lien avec cette thématique : Voyager oui, mais voyageons de façon responsable. L’idée n’est pas de culpabiliser mais plutôt de sensibiliser, d’informer, d’initier une réflexion afin que notre, votre pratique du tourisme devienne plus écoconsciente et plus durable.

LCL est une firme d’experts-conseils en solutions environnementales. Fondée en 2006, l’entreprise a réalisé plus de 6 000 projets pour diverses organisations. LCL environnement collabore notamment avec Hôtel Nomad depuis 2021 dans sa démarche vers la carboneutralité et l’obtention de la certification entreprise carboneutre.


Quel impact environnemental pour vos prochaines vacances ? (Luc Baillargeon Nadeau)

Partir en voyage, quel bonheur! Quoi de plus amusant que de faire ses bagages, mettre ses lunettes fumées et partir en auto, train ou même en avion!

Ceci dit, on oublie souvent l’empreinte environnementale que ce petit moment de bonheur peut engendrer. Qui dit transport, dit essence et gaz à effet de serre. Dans le même ordre d’idée, notre consommation est totalement transformée quand on est à l’extérieur de la maison; on va au restaurant tous les jours, on achète des souvenirs et on ne fait pas attention au tri de nos déchets. Alors, quel est l’impact réel de ces comportements?

Selon une étude de Nature Climate Change de 2018, le tourisme représenterait 8% des émissions globales de gaz à effet de serre, soit 4 gigatonnes de CO2, et ceci est en forte hausse depuis plus de 20 ans (1).

  • Transport

La première chose que l’on fait dans un voyage, c’est choisir un moyen de transport. Pour les longues distances, vous allez sans doute opter pour un trajet d’avion sur une ligne commerciale. Pour les trajets régionaux et locaux, vous allez plutôt vous rabattre sur votre auto personnelle ou en location, ou voir emprunter l’autobus ou le train.

En Amérique du Nord, chaque 1000 km parcouru en avion en classe économique émet près de 200 kg CO2 par personne, ce qui est un peu plus que les trains, autobus ou auto, qui émettent entre 100 kg CO2 et 150 kg CO2 (2). Toutefois, les distances parcourues en avion sont généralement beaucoup plus longues, ce qui provoque un impact climatique beaucoup plus élevé.

Donc avant de planifier votre prochain voyage, pensez à réduire les distances et à choisir le meilleur moyen de transport pour l’environnement pour vos déplacements internationaux et locaux. Et si vous visitez un pays plus éloigné, prenez votre temps sur place en optant pour le « slow travel » !

  • Hébergement

Une fois sorti de l’avion ou de l’auto, vous allez sans doute vous installer dans un Hôtel local pour la durée de votre séjour ; rien de mieux qu’un lit confortable après une longue route! Toutefois, saviez-vous que tous les établissements ne se valent pas en matière d’environnement? Certains hôtels des pratiques et entretiens écoresponsables, comme en utilisant des produits biodégradables ou en effectuant une gestion intelligente des matières résiduelles.

De plus, le chauffage du bâtiment peut être une source importante de gaz à effet de serre s’il n’est pas à base d’électricité. Au Canada, une chambre émet en moyenne 20 kg CO2 par semaine pour le chauffage et la climatisation au gaz naturel (3). En comparaison un établissement qui est chauffé à l’électricité ou par une autre une source d’énergie renouvelable émettra moins de 5 kg CO2 par semaine!

Renseignez-vous auprès des établissements d’hébergement pour connaître les principales actions et initiatives environnementales qui sont mises en place pour faire un choix éclairé!

  • Nourriture et déchets

Un des gestes les plus positifs que vous pouvez faire pour l’environnement, c’est de modifier votre alimentation! L’alimentation et la gestion des déchets représentent près du cinquième des émissions de CO2 au quotidien.

En voyage, on a souvent tendance à aller plus souvent au restaurant et gouter de nouveaux plats et spécialités locales. Certaines personnes vont avoir tendance à « se gâter », en mangeant des mets plus raffinés ou plus de viandes, souvent rouges. Également, on mange parfois « sur le pouce », ce qui demande plusieurs emballages à usage unique qui seront ensuite jetés. C’est donc ce changement de régime qui peut avoir un impact par rapport à vos habitudes!

Par exemple, si vous optez pour un steak de bœuf au restaurant, c’est environ 12 kg CO2 qui ont été émis. Si en temps normal vous aviez mangé du poulet ou du poisson à la maison, vous auriez émis 10 fois moins, et près de 100 fois moins pour un plat végétalien (4)!

  • Le bilan

Quelle sera l’empreinte carbone de vos prochaines vacances? Tout dépendra de vos choix de consommation, d’hébergement et de votre destination! Dans le prochain article, nous vous donnerons des trucs pour réduire votre empreinte et pour organiser des vacances écoresponsables.

 

 

(1) Lenzen, et al. The carbon footprint of global tourism. Nature Clim Change. www.nature.com/articles/s41558-018-0141-x#citeas

(2) GHG Protocol, Emission Factors from Cross-Sector Tools. www.ghgprotocol.org/calculation-tools

(3) Ressources Naturelles Canada, Tableaux BNCÉ, adapté du tableau 20 secteur commercial et institutional.  https://oee.nrcan.gc.ca/organisme/statistiques/bnce/apd/donnees_f/bases_de_donnees.cfm

(4) Poore and Nemecek (2018), Reducing food’s environmental impact through producers and consumers, Science. Adapté par www.OurWorldinData.org